Conseil 16 : La maîtrise pédagogique passe par la maîtrise du temps : 3 pistes pour y parvenir. (Tous cycles)
La situation : Les enfants vous écoutent, mais en même temps sont capables de faire autre chose, ils parlent, se tortillent, s’agitent, se chamaillent, voire s’amusent. Vous êtes obligés de les reprendre en permanence.
Le défaut : Il y a évidemment à la base, une séance bancale, insuffisamment pensée, mal conçue. Lorsque les choses tournent de cette façon, l’enseignant est face aux élèves, il parle beaucoup, beaucoup trop, en dit trop, même s’il recherche la participation des élèves en posant des questions. Parfois, la situation est aggravée par une voix monocorde, uniforme, sans inflexion. Dans tous les cas, ce dispositif est maintenu exagérément. Si cette situation fait sens dans les tout premiers moments de l’activité, elle finit, parce qu’elle se prolonge, par provoquer une rupture de sens. Il s’agit d’une rupture de sens par excès d’une situation qui dure à l’identique.
Je propose : De faire de l’effet, de « bousculer » les élèves, de les surprendre en permanence, d’être toujours en avance sur eux. Les mots maîtres sont la maîtrise du temps. Comment y parvenir ? En calculant ses effets. Oui, mais comment ? 1. En ponctuant ses interventions. Mettre de la ponctuation dans son discours, c’est faire des phrases courtes, précises, avec des termes adaptés au niveau des élèves. C’est aussi varier les postures vocales, jouer sur l’intensité (parler fort, chuchoter), jouer sur la hauteur (grave, aigu), jouer sur les silences. C’est aussi par le ton, insister sur ce qui doit l’être, grossir le trait.
2. En parlant parfois d’un autre lieu de soi-même. Parler d’un autre lieu de soi-même, c’est donner à voir de soi autre chose que la toute puissance du maître et voir dans l’élève un semblable, ou plutôt, voir dans l’élève, davantage un semblable. C’est un peu parler d’égal à égal, avoir en tête que nous sommes tous de la même aventure, l’aventure humaine. Nous faisons part aux élèves de notre expérience personnelle comme témoignage humain.
3. En variant les paramètres du travail. Varier les paramètres du travail, c’est varier la relation à l’objet de savoir. C’est fondamental. Le travail oral/frontal est une relation au savoir de type collectif. Si cette situation dure, très vite, elle risque de lasser. Il faut donc varier la relation à l’objet de connaissance. À une relation collective, c’est-à-dire qui engage le groupe classe, il faut substituer une relation de type individuel ou en binôme ou en groupe. D’autres variables sont à considérer. Très souvent, dans une phase orale/frontale, l’élève est invité à réfléchir à partir de ce qu’il voit ou entend. Dans son activité intellectuelle, l’élève utilise, comme sens, l’ouïe et la vue. Il faudra très vite convoquer le corps différemment et faire appel au toucher au sens large. J’entends par là, la manipulation, qui va de l’activité manuelle (triturer, découper, coller…) à l’écriture, ce qui est souvent le cas lorsque l’élève travaille seul, à deux ou en groupe. Plus fondamentalement, je pense qu’en toutes situations, il faut tenir compte du fait que les élèves ont un corps et que l’activité, même lorsqu’elle est intellectuelle, peut solliciter le corps, ce qui force l’engagement et l’implication dans celle-ci. Exemple : plutôt que de relier par un trait ou de faire une croix pour répondre, je propose de faire découper, puis coller… reconstituer un mot, une phrase par découpage, collage. De fait, les élèves passent plus de temps sur le travail en question, manipulent plus et sont plus en fréquentation avec le matériau objet de connaissance, donc moins en situation de le zapper et plus en situation de s’en imprégner.
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